Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2015-03-31T10:11:11+02:00

Chéri, on sort !

Publié par le bras soazig

« Comment tu me trouves ? » me demande Alexis pas rasé, limite pas lavé avec son vieux t shirt de bricolage … « Ben bof ! Tu sais, on va à Paris quand même ! » lui avouais-je sans trop m’étaler.

« Roh la la ! C’est bon ça !!! » Me dit il en se frottant les mains.

Pour son anniversaire, j’ai tout prévu pour qu’on se fasse une petite sortie à deux. Il ne sait pas encore où je l’emmène : c’est une surprise. Vous vous dites sans doute qu’il a de la chance cet homme d’avoir des surprises ! Je trouve aussi.

Ca date d’une conversation que j’ai eue avec ma mère il y a quelques années. Je me plaignais de façon légitime de ne jamais avoir de surprises de la part d’Alexis. « Et toi,tu lui en fais des surprises? » m’avait elle dit avec sa logique implacable. « Ben non ! » Avais je répondu pensant tout naturellement que c’était au mâle d’assurer cette tâche. « » - Révélation. C’est ainsi que je me mis à faire des surprises à mon futur mari. Je commençais par organiser des soirées puis des week end. De fil en aiguille (je ne comprends pas cette expression) se mit en place un véritable rituel. Du coup maintenant, Alexis, attend sa surprise même si hypocritement : «être ensemble me suffit» me dit il. Je commençais à douter de ses dires lorsqu’il me demanda pour la énième fois lundi dernier, pendant une des trop nombreuses pubs de top chef, des étoiles dans les yeux « alors c’est quoi ma surprise ??? Un concert ? On survole Paris en hélico ? Dis, ça serait top hein ! ? T’as invité des potes ? ». C’est à ce moment là que j’ai senti la pression monter… et je du le raisonner « Calme toi calme toi ! T’emballes pas trop non plus… » car j’avoue avoir fait un copier coller de mon ancienne surprise. C’est mon erreur. Une erreur de débutante. J’ai mis la barre trop haute par le passé. Toujours est il que le grand soir approchait. Il est rare que nous sortions. Nous avons troqué il y a 5 ans notre argent et nos amis contre 3 petites filles bruyantes et encombrantes. (il y a des deals qu’on fait comme ça, sans lire les petites lignes) . Donc, nous sortons en amoureux et c’est rare ! Même si je suis fatiguée et que je serais tenter d’aller seulement à la pizzéria du coin, je prends sur moi. Le printemps a une tête de Toussaint en Bretagne, mais je mise sur une valeur sûre pour me faire belle : le décolleté et en général le déballage de peau. C’est donc à moitié rue que j’affrontais les bourrasques énigmatiques des couloirs du rer et ce après avoir été mouillée par une bruine pas catholique sur le chemin de la gare. Le printemps cette année c’est un peu comme ça :

Chéri, on sort !

Le Rer arrive en faisant un bruit de Nazgul concupiscent. On s’installe en se félicitant d’être libres. Dans le fond de la rame j’entends un tuberculeux lancer une rafale bactérienne et je me rappelle mes cours de SVT sur la propagation bactérienne. A Auber, j’annonce, pleine de mystère « C’est ici qu’on descend ». Alexis trépigne d’impatience ! « AH super on va à l’opéra ! Génial, j’y suis jamais allé. » Soupirs blasés…. « Non pas du tout ! C’est nul ! On va au théâtre …T’es déçu ??? » Mais heureusement rien n’entache son enthousiasme. En sortant devant l’Opéra je sens un vent glacé me parcourir le dos et je regrette le choix de ma veste sexy. « Comme c’est ton anniversaire, tu choisis: avant d’aller chercher les billets, on se fait une coupe de champagne dans un palace ou bien un cosmo au harry ‘s bar ! »

« Oh oh oh moi je vote cosmo !!!! »

Super ! Même si j’ai comme un cendrier cassé dans la gorge à chaque déglutition mon nez qui commence à se prendre, je ne m’écoute pas et nous descendons bras dessus bras dessous la rue Daunou. Je sens un vieux frisson pas net.

En arrivant devant le harry’s Bar, je me dis « C’est drôle, la dernière fois que je suis venue ici, j’ai pris une cuite monumentale ! » On s’installe au bar comme 2 étudiants, (ou 2 poivrots au choix) et Alexis me dit « la dernière fois que je suis venue, c’était pour fêter un contrat au boulot et j’ai pris une murge affreuse. Tu t’en souviens ??? J’ai vomi».

« Oui très bien j’étais enceinte jusqu’au cou et tu es rentrée sentant le sac à vin. Tu as vomi au pied du lit » Je lui laisserai croire qu’il est seul à abuser de l’acool en lui cachant mon affreuse cuite passée. (C’est important de garder du mystère) . M’enfin, je ne crois pas qu’il soit dupe.

« 2 cosmopolitans Monsieur ! » Dis je directive, tout en mangeant frénétiquement un mélange de biscuits japonais dont je n’arrive pas à saisir la saveur. Je débute la dégustation du sacré cosmo. « Décidément c’est dément comme boisson » dis je à Alexis ! « Dis donc par contre on n’aura peut être pas le temps de manger »

« Oh c’est pas grave, ça nourrit le cosmo ! » dit Alexis

« Ben bof… un steak frites l’aurait fait aussi…. Par contre ça anesthésie bien le cosmo, je ne sens déjà plus ma gorge…Merveille !C’est quand même mieux que l’oscillococcinum » On plaisante, on rigole. On commence à être un peu chauds. On se fait des plans sur la comète, on s’imagine monter des tas de boites super lucratives qui nous permettraient de financer des voyages autour du monde sans rien faire… Les verres se vident bien vite. « Allez, on s’en reprend un deuz ? » dit Alex clairement motivé. Il suggérera même à demi mot de sécher le théâtre pour boire toute la soirée. Dans ces moments là, j’avoue avoir la volonté de Pete Doherty un soir de saint sylvestre. Mais je tiens bon ! « Ok pour le deuxième cosmo… mais on va au théâtre après !» En rapprochant vers moi le deuxième verre, j’en renverse un peu. Le serveur classe et impassible me prête une serviette, et en riant en gorge déployée je lui sors une blague. Il me regarde et me fait un sourire compatissant….

Chéri, on sort !

« C’est dur de vieillir » me dis je….Après un certain âge lorsque tu commences à tourner cramoisie et que tu fais des blagues, c’est pas cool, ça fait franchement poivrote. J’ai la tête qui commence à tourner et « si je ne mange pas quelque chose de consistant je vais être complètement bourrée pour le théâtre ! »

« Dites Monsieur, pour absorber tout ce liquide, n’auriez vous pas quelque chose à grignoter autre que des cacahuètes sucrées piquantes ? » demande Alex qui commence à parler fort. Le serveur nous parle de son fameux hot dog à la new yorkaise…Je crois comprendre une allusion déplacée lorsqu’il nous vent sa très grosse saucisse mais bon, je ne suis pas dans mon état normal, j'ai envie de rire toutes les 2 secondes…. On commande 2 hot dog.

Avec sa petite purée de cornichons, CE hot dog est juste ce qu’il nous faut. Alex met du ketchup partout en voulant se servir à coup de grosses claques dans la bouteille de verre. Il se marre comme une baleine. C’est officiel, on est complètement cuits. Ca va être chaud le théâtre. L’heure passe, il faut aller retirer les billets ; Le serveur nous tend l’addition :

« 69 euros tout rond » nos annonce t il « 69, un chiffre qui en dit long sur l'après soirée !!» ajoute t il en nous lançant un regard de félon ! Je n’avais donc pas rêvé avec cette histoire de hot dog. On devait avoir l’air bien bourré pour que cet impertinent nous cause de la sorte.J'ai failli dire "vous savez on n'est que mari et femme" mais je me suis reprise. Je prends l'addition tendue

« Laisse laisse alex, je vais payer » dis je à Alexis en bafouillant un peu du fait de mon état alcoolisé. « C’est ton anniversaire, c’est moi qui régale! » .

« Cool !!!! » se réjouit il . Alors, je tends la carte du compte commun. Après m’être trompée une fois de code je paye et mets environ 10 minutes pour fourrer le ticket dans mon porte monnaie plein à craquer. « il est bien plein » me dis je tout en riant avec moi-même « il est comme moi ». Lorsque j’ai bu, je me parle beaucoup et je me fais des blagues. Je suis un excellent public. Je ne veux pas me vexer. On sort. Je prends une profonde respiration et on se dirige vers le théâtre. Je ne marche sûrement pas très droit mais la marche assurée et la main forte d’Alexis me rassure et me permettent de tenir la route. Nous arrivons au théâtre. La magie opère. A peine rentrée, je sens l’odeur du bois ciré et de la poussière. Je suis un peu allumée mais euphorique. Les gens ont sorti leurs 3 pièces et leur fourrure. Ca sent le Chanel à plein nez! C’est très chic. On doit un peu détonner : je suis sûre qu’on sent la vinasse . « on s’en fiche » dit Alexis. Nous sommes au niveau de l’orchestre sur des strapontins. Ces sièges sont non seulement pliés mais tournés vers le mur de telle manière à ce qu’ils ne gênent pas le passage. Je note en mon for intérieur de prêter attention à ce système mortel si je me lève : c’est un coup à se rasseoir dans le vide. On s’assoit l’un derrière l’autre. Les 3 coups du brigadier raisonnent et c’est parti ! La lumière se tamise et le rideau se lève et là….Magie….. . L’effet anesthésiant de l’alcool s’estompe… J’ai un peu mal à la gorge et alors que la descente alcoolique opère, je suis en plein flottement. C’est délicieux. Je suis obnubilée par les magnifiques Louboutins de l‘actrice principale et son rouge à lèvres d’une matitude extraordinaire…. La pièce est très drôle, c'est dommage qu'ils aient choisi de jouer une scène dans le noir . « Soaze Soaze ! ». J’ouvre les yeux. Tout est allumé. « Merde ! C’est fini ? » Heureusement l’honneur est sauf : seul Alex a entendu mes ronflements. Et dire que ce matin je postais ça sur mon blog. . .

Chéri, on sort !

Tracasseries Tracassantes

Voir les commentaires

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires
J
Ton article est tordant! Tu as un style que j'adore! Continue et fais-nous en un livre!!! Gros bisous! Sonia
Répondre
L
Ah !!!! Je miamuse bien tu es juste adorable! Merci!

Girl Gift Template by Ipietoon - Hébergé par Overblog